Le Kenya aux urnes avec appréhension

Paru le 2 Mars 2013
dans Ouest-France http://www.ouest-france.fr
Localisation : Afrique

Nairobi. De notre correspondant

Cinq ans après un scrutin qui avait dégénéré en règlement de comptes ethnique entre partisans des deux grands partis (1 200 morts et 600 000 déplacés), les 14 millions d'électeurs kenyans se rendent, lundi, aux urnes pour élire leur nouveau Président. Non sans appréhension.

À Kibera, l'un des plus grands bidonvilles du pays, près de Nairobi, certains anticipent d'éventuelles violences en transférant femmes et enfants dans la vallée du Rift, plus à l'est. « Nous ne voulons pas connaître cela une nouvelle fois, alors nous nous protégeons », glisse Mike, père de famille. « Certains de mes voisins sont armés car ils ont peur », ajoute-t-il.

Pillages, saccages, viols, incendies, assassinats à la machette : le président Mwai Kibaki - qui termine son second et dernier mandat - n'écarte pas un remake du scrutin 2008 qui l'avait réélu. Il a ainsi déployé 90 000 policiers dans le pays afin de garantir la sécurité.

Des huit candidats en lice, qui ont pu débattre pour la première fois à la télévision, deux sortent du lot : le Premier ministre sortant de la coalition et candidat malheureux en 2008, Raila Odinga, et le fils du père de l'indépendance du pays, Uhuru Kenyatta. Les sondages sont très serrés. Et si aucun des deux n'obtient la majorité, il faudra solliciter un périlleux second tour, au sort bien incertain, début avril.

L'inculpation, devant la Cour pénale internationale de La Haye, de Kenyatta et de son colistier William Ruto pour crimes contre l'humanité, après les violences de 2008, achève de rendre ce scrutin très particulier. Le pays, où du pétrole et du gaz ont été découverts et dont l'économie dépend du tourisme, pourrait devenir le second dans le monde, après le Soudan, à avoir un président inculpé par la CPI.

Arnaud BEBIEN.