Plus d’engagement des États pour la sécurité alimentaire
Les hausses record du pétrole et des matières premières relancent la question. Les cas du Malawi et du Rwanda montrent que les solutions existent et fonctionnent.
Le rapport du rapporteur spécial du droit à l’alimentation à l’ONU, Olivier de Schutter, tombe à pic. Rendu début mars alors qu’une nouvelle crise alimentaire se prépare, il montre clairement la direction à suivre. S’il faut incontestablement produire plus, autant le faire du mieux possible. « La question la plus urgente aujourd’hui, lorsqu’il s’agit de réinvestir dans l’agriculture, n’est
pas de savoir combien mais comment », écrit-il en préambule de son rapport. En Afrique subsaharienne, la question est épineuse. Et revient quasiment tous les ans. Mais cette année, comme en 2008, la situation est critique. Sur fond de crises internationales, de hausse du prix du pétrole et de mauvaises récoltes, le cocktail est explosif et les dégâts au rendez-vous pour les populations africaines. Les prix des matières premières et des aliments de base ne cessent d’augmenter. Certains comme le blé ou le riz ont pris rapidement 20%.
Doublement de la population africaine d’ici à 2050
Le problème majeur qui se pose pour l’Afrique, et qui se posera encore plus demain, est de pouvoir nourrir une population actuelle d’un milliard d’habitants. De plus, celle-ci aura doublé d’ici à 2050. D’où l’impératif de produire sur place plus de variétés d’aliments et d’optimiser leurs stockages afin de réduire peu à peu les importations. Les terres fertiles ne manquent pas en Afrique. Le climat y est souvent favorable. Si les États africains investissent et soutiennent réellement des programmes agricoles, toutes les conditions sont réunies pour leur sécurité alimentaire. Certains montrent que c’est possible. Si l’on a beaucoup parlé du Malawi pour son programme agricole qui lui permet même aujourd’hui d’exporter, le Rwanda montre aussi le bon exemple. En l’espace de cinq ans, la stratégie adoptée en a fait un pays autonome du point de vue alimentaire. Tout a commencé en 2006 avec le programme « une vache par famille », prévu pour procurer du lait et des revenus aux Rwandais. S’en suivit une agriculture participative de manière à booster la productivité : tout le monde travaille main dans la main sur une même parcelle et partage les fertilisants et les semences. Enfin, le gouvernement rwandais a réuni sous le même toit toutes les institutions gouvernementales de recherche et de développement agricoles afin d’avoir une même logique de travail. Le résultat de la politique menée par le président Paul Kagamé, pour qui « la faim est une honte et doit être éradiquée », est probant. Si entre 2005 et 2006, la production agricole n’avait augmenté que de 0,7%, elle croît depuis à un rythme annuel voisin des 20%. Surtout, les 11 millions de Rwandais sont à présent en mesure de manger de tout.